Gravir un sommet de plus de 8000 mètres est un rêve pour bien des alpinistes. C'est une aventure humaine et physique unique, une immersion en haute altitude où chaque pas compte, où l'effort se mêle à l'émerveillement. Mais parmi les quatorze « 8000 » que compte la planète, certains sont plus accessibles que d'autres pour une première expédition.
Au-delà de l'altitude, il est question de logistique complexe et de préparation physique et mentale rigoureuse pour affronter des défis communs : le mal aigu des montagnes (MAM), les conditions météorologiques extrêmes, le froid intense – pouvant atteindre ou dépasser -30° à -40° – la gestion du portage et la fatigue accumulée.
Chez Expeditions Unlimited, nous accompagnons chaque année des alpinistes vers leur premier sommet au-dessus de 8000 mètres. Si vous envisagez de vous lancer, trois options se détachent : le Manaslu (8163 m) au Népal, le Cho Oyu (8201 m) et le Shishapangma (8027 m) au Tibet.
Voici notre guide détaillé pour vous aider à choisir le sommet qui vous correspond le mieux. De notre côté, nous vous assurons un encadrement professionnel, des guides expérimentés, une logistique sans faille et un support météo et médical d’experts.
Trois géants, trois caractères
Le Manaslu – 8163 mètres (Népal)
Situé dans la région de Gorkha au centre du Népal, le Manaslu est le huitième sommet du monde. L’approche s’effectue en huit jours par un bel itinéraire de trekking qui traverse de nombreux villages traditionnels. L'itinéraire classique suit l'épaule nord-est, avec 4 camps d'altitude.
Ascension : du camp de base (4850 m) au camp 4 (7400 m).
Du camp de base, nous partons en direction du camp 1 à 5900 mètres. Cette première étape traverse des moraines glaciaires et des zones de crevasses, nécessitant une bonne habitude de la progression sur glacier. Des pentes régulières, mais exposées aux avalanches, mènent au camp 2 à 6400 mètres, installé sur un plateau glaciaire. Les passages les plus délicats sont équipés de cordes fixes. Les pentes se redressent pour mener au camp 3 à 6800 mètres qui offre des vues imprenables. Encore un effort et nous atteignons le camp 4 à 7400 mètres. C'est le camp d'assaut final, depuis lequel les alpinistes lancent leur tentative vers le sommet.
Summit push : il implique une longue montée sur des pentes de neige et de glace. La partie sommitale est caractérisée par une arête exposée qui mène à l’antécime (8156 m), nécessitant une grande prudence et une bonne maîtrise des crampons. Le « vrai » sommet du Manaslu se trouve séparé de l’antécime – sur laquelle de nombreux alpinistes s’arrêtent – par une fine arête cornichée au-delà de laquelle il faut redescendre sur un petit col au pied du sommet. Une quinzaine de mètres à remonter mènent à la cime du Manaslu à 8163 mètres.
Points forts : ambiance népalaise, trek d'approche magnifique, bonne acclimatation progressive. Secours éventuels bien organisés en raison des hélicoptères présents au Népal.
Le Manaslu est considéré par beaucoup comme une excellente porte d'entrée dans le monde des 8000 mètres.
Attention : le sommet est piégeux. La crête finale est longue et cornichée, et de nombreux alpinistes s'arrêtent au « faux sommet ». Avalanches récurrentes dans certains secteurs.
Si vous souhaitez en savoir plus sur l’historique de l’ascension du Manaslu, ne manquez pas de lire sur notre blog L’ascension du Manaslu : une incroyable épopée.
Le Cho Oyu – 8201 mètres (Tibet)
Sixième sommet du monde, le Cho Oyu, surnommé « la déesse turquoise », est considéré comme le plus accessible des 8000. Situé à la frontière sino-népalaise, il est réputé pour ses pentes relativement modérées et sa voie normale techniquement peu exigeante. Il se gravit par son versant nord-ouest. Le camp de base est atteint directement en véhicule.
Ascension : du camp de base au (4900 m) au camp 3 (7600 m)
Du camp de base, montée facile au camp de base avancé à 5600 mètres. C'est de l'ABC que débute réellement l'ascension. La montée dans les pentes de neige qui mènent au camp 1 (6400 m) ne présente pas de difficulté. Vient ensuite le franchissement de l’Ice Cliff (barre de séracs) entre le camp 1 et le camp 2 (7200 m), passage le plus technique, équipé de cordes fixes. Progression régulière entre le camp 2 et le camp 3 (7600 m), situé au pied de la Bande jaune, ressaut calcaire qui barre l’accès au plateau sommital.
Summit Push : du camp 3, il faut franchir les rochers de la Bande jaune (cordes fixes sur 150 mètres) pour atteindre le large plateau de neige, peu exposé au risque d’avalanches.
Points forts : très bon taux de réussite, voie régulière, risque objectif limité. Idéal comme premier 8000.
Attention : les conditions administratives d'accès au Tibet peuvent être aléatoires. L'altitude se fait sentir dès le début du camp de base avancé (5600 m). L’absence d’hélicoptère au Tibet nécessite de prendre la route jusqu’à la frontière népalaise avant de pouvoir prendre un vol héliporté à destination de Kathmandu, ce qui rend tout secours rapide quasi-impossible.
Pour tout savoir sur la première ascension du Cho Oyu, ne manquez pas de lire notre récit Cho Oyu : la conquête clandestine.
Le Shishapangma – 8027 mètres (Tibet)
Quatorzième et dernier sommet des plus de huit mille, il est le seul situé entièrement sur le territoire tibétain. Moins fréquenté, il offre une expérience plus confidentielle. L'itinéraire classique suit l'épaule nord. Historiquement moins fréquenté que le Cho Oyu, sa popularité a augmenté ces dernières années, notamment en raison de son altitude inférieure, qui peut le rendre psychologiquement plus accessible. L'approche du Shishapangma est similaire à celle du Cho Oyu, avec un accès en véhicule 4×4 jusqu'au camp de base (BC) situé à 4900 mètres d’altitude. La piste se poursuit jusqu’au camp de base avancé, nous la suivons à pied avec une caravane de yacks.
Ascension : du camp de base avancé (ABC - 5550 m) au camp 3 (7400 m).
Depuis l'ABC, l'itinéraire de la voie normale en face nord se déroule principalement sur glacier et pentes de neige. L’accès au camp 1 (6300 m) est défendu par des zones de crevasses, exigeant une progression prudente et l'installation de ponts ou d'échelles. Des pentes régulières mènent au camp 2 à 6900 mètres, camp bien protégé des risques d’avalanches. Il faut encore gravir 500 mètres pour atteindre le camp 3, à 7400 mètres, d'où part l'assaut final.
Summit Push : la principale particularité du Shishapangma réside dans ses deux sommets : le sommet central (8008 m) et le sommet principal (8027 m), séparés par une longue arête. La voie normale des expéditions commerciales mène généralement au sommet central. Atteindre le sommet principal impose une longue traversée en face nord-ouest dans des pentes qui peuvent s’avérer instables. On évite alors le sommet central. Pour des raisons de sécurité, beaucoup d'expéditions considèrent qu’atteindre le sommet central est un succès en soi.
Points forts : isolement, beauté du cadre, sommet souvent en bonnes conditions.
Attention : distinction importante entre le sommet central (beaucoup s'y arrêtent) et le véritable sommet principal, plus technique et exposé. L’absence d’hélicoptère au Tibet nécessite de prendre la route jusqu’à la frontière népalaise avant de pouvoir prendre un vol héliporté à destination de Kathmandu, ce qui rend tout secours rapide quasi-impossible.
Tout connaître sur la première ascension du Shishapangma vous intéresse ? Ne manquez pas de lire Shishapangma, dernier 8000 : la victoire usurpée.
Altitude, accès et acclimatation
Sommet |
Altitude |
Accès |
Acclimatation |
Manaslu |
8163 m |
Trek d'approche long, mais progressif depuis Chauli Kharka. Camp de base 4850 m. |
Bonne acclimatation par paliers. |
Cho Oyu |
8201 m |
Accès direct au camp de base à 4900 m en véhicule. |
Il est préférable de pouvoir supporter une acclimatation rapide. |
Shishapangma |
8027 m |
Accès direct au camp de base à 4900 m. |
Il est préférable de pouvoir supporter une acclimatation rapide. |
À noter : contrairement à une idée reçue, les camps de base du Cho Oyu et du Shishapangma ne sont pas situés au même endroit. Ils se trouvent dans deux vallées différentes du Tibet, à environ 90 kilomètres de distance l’un de l’autre.
Difficultés techniques et risques objectifs des ascensions du Manaslu, Cho Oyu et Shishapangma
Sommet |
Difficulté technique |
Risques naturels |
Particularités |
Manaslu |
Modérée à soutenue |
Avalanches, crevasses. |
Faux sommet. |
Cho Oyu |
Faible à modérée |
Froid, altitude, tempêtes fréquentes. |
Le plus « sûr » des 8000. |
Shishapangma |
Modérée |
Traversée exposée en face nord ouest pour rejoindre le vrai sommet, tempêtes fréquentes. |
Sommet principal rarement atteint. |
Statistiques de réussite au sommet :
- Manaslu : le taux de réussite est généralement estimé entre 60 % et 70 %. Certaines sources indiquent même jusqu'à 75-80 % dans de très bonnes conditions (saison d'automne). Il est important de noter la controverse autour du « vrai sommet » versus l'antécime pour certaines expéditions passées, mais pour les expéditions commerciales actuelles, l'objectif est le sommet principal. Le Manaslu est considéré comme l'un des 8000 mètres les plus accessibles.
- Cho Oyu : Souvent cité comme le 8000 mètres le plus « facile » techniquement, son taux de réussite est également élevé, souvent entre 60 % et 70 %, voire plus pour certaines expéditions bien organisées. Il y a eu des équipes avec 100 % de succès dans des conditions idéales.
- Shishapangma : Son taux de réussite est décrit comme « relativement élevé » comparé à d'autres 8000 mètres plus techniques. Il est malaisé de trouver un pourcentage global précis, mais des rapports d'expéditions récentes montrent des taux de succès élevés, parfois 100 % pour des équipes commerciales lors de bonnes fenêtres météo. La difficulté réside souvent dans l'accès au « vrai » sommet principal par rapport au sommet central, ce qui peut influencer les statistiques perçues. On peut estimer une fourchette similaire à celle des deux autres, soit autour de 60-70 % pour les ascensions réussies au sommet central. Il nous est difficile de vérifier combien d’expéditions atteignent le « vrai » sommet, probablement très peu.
Budget pour l'ascension du Manaslu, Cho Oyu et Shishapangma
Ci-dessous une synthèse du budget pour une expédition au :
- Manaslu : 25 000 € / 45 jours
- Cho Oyu : 39 000 € / 45 jours
- Shishapangma : 40 500 € / 45 jours
À cela, il vous faut ajouter les vols, de l’ordre de 1 500 €, les primes de sommet, de l’ordre de 1 500 €, quelques frais divers (pourboires de treks, autres pour 500 €) et les équipements, à acheter ou à louer auprès de nous.
Le Cho Oyu est le plus cher, mais aussi le plus accessible en termes de difficultés, le Shishapangma plus rare avec la limite de n’atteindre « que » le sommet central, le Manaslu est plus abordable économiquement avec des risques objectifs plus marqués d’où la nécessité de choisir une agence sérieuse.
Vers quel sommet vous tourner ?
Vous avez une bonne expérience alpine, mais pas encore de 8000 à votre actif ?
Si vous privilégiez l'immersion culturelle, un trek d'approche plus long et une ambiance chaleureuse : le Manaslu est probablement le meilleur choix. Son accessibilité et son taux de réussite élevé en font une excellente option pour une première expérience.
Vous cherchez une première expédition encadrée, avec un taux de réussite très favorable ?
Si vous recherchez la « facilité technique » – relative pour un 8000 mètres – un accès rapide au camp de base avancé et une efficacité logistique : le Cho Oyu, la « déesse turquoise », vous tend les bras. Idéal pour ceux qui veulent se concentrer avant tout sur l'altitude.
Vous recherchez la solitude, un sommet confidentiel, à l'écart des sentiers battus ?
Si vous souhaitez l'expérience du « plus petit » des 8000 mètres, un peu moins fréquenté (que le Manaslu) avec des défis variés (crevasses, et l'option de l'arête sommitale principale) : le Shishapangma vous offrira une aventure complète. Soyez prêt pour les contraintes de l'accès au Tibet et la distinction entre ses deux sommets.
Au-delà de ces comparaisons, les facteurs clés à considérer sont :
- Votre expérience préalable : Avez-vous déjà grimpé à plus de 6000 ou 7000 mètres ?
- Votre condition physique : Êtes-vous prêt pour un entraînement intensif et une endurance prolongée ?
- Votre tolérance au froid et à l'inconfort : évoluer à 8000 mètres se fait dans un environnement extrême.
- Votre budget et vos préférences logistiques : les prix varient, et l'approche du Tibet est plus complexe que celle du Népal.
Choisir son premier 8000 mètres n'est pas qu'une affaire de chiffres.
C'est aussi une affaire de rêve, de style d'alpinisme, de rythme, de budget, d'éthique personnelle. Que vous soyez attiré par l’un ou l’autre de ces trois sommets, nous sommes là pour vous conseiller.
Expeditions Unlimited, c'est une expertise de terrain, un encadrement expérimenté, des partenaires fiables, et une volonté : vous accompagner jusqu'au sommet.
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