ASCENSION HIMLUNG HIMAL : BLOG LIVE
Expédition terminée le 20 mai 2019
Paulo Grobel, Cécile (une participante en charge de la com du projet) et l'ensemble de nos participants témoignent en live sur ce blog sur la progression de leur expédition à l'Himlung Himal à 7 126 mètres, prévue du 21 avril au 20 mai 2019. Ils écrivent quand ils en ont le temps et la connexion, sans pression, ou nous laissent des messages vocaux par le téléphone satellite. Cette ascension organisée par Expeditions Unlimited a été proposée aux lecteurs de Montagnes Magazine dont nous sommes partenaires. Et les articles sont classés du plus récent au plus ancien.
Chronique #9 : Deux jours pour réussir un sommet
Dans cette chronique, Paulo revient sur les deux jours où le sommet a été tenté. Au total, sur 9 participants, 4 ont atteint le sommet de l'Himlung Himal, 2 autres ont atteint celui voisin du Anna Peak. Une belle expédition menée de main de maître. Bravo à tous les participants, à l'équipe népalaise et bien sûr au chef d'expédition.
© Nicolas Salvi
Le plus souvent, les groupes qui envisagent de gravir l’Himlung Himal ne se préoccupent que de l’Himlung. Et c’est bien dommage, car ils en oublient les autres sommets accessibles depuis le camp 3 qui permettraient de valoriser, d’optimiser le temps passé en altitude en réussissant d’autres sommets, tout en s’adaptant si nécessaire aux niveaux des alpinistes ou aux conditions de la montagne.
Concrètement, s’il y a trop de vent ou trop de neige en altitude vers 7000 m, à l’étage inférieur une ascension est peut-être possible. Et pour cela, les sommets du Karma Himal ou du Anna Himal sont idéaux. Pourtant tout le monde reste bloqué sur la logique administrative du permis et d’un sommet unique. Pour notre groupe, particulièrement hétérogène tant par l’expérience alpinistique que par le niveau physique, ces sommets ont constitué d’honorables objectifs de substitution. Sans parler du Gyarbu Himal à proximité du Lung La, qui n’a pas encore été gravi !
A l’arrivée au camp 3, nous nous sommes donc organisés pour proposer à chacun la meilleure expérience possible, avec le court créneau météo disponible (Cf. chronique précédente). Le groupe des alpinistes les plus compétents et en forme sont partis vers le sommet de l’Himlung en cordées de deux avec un népalais dès le lendemain, François a constitué une cordée avec Frédéric pour gravir le Anna Peak, Cécile et Olivier sont restés au camp pour se reposer et avec Bernard nous avions prévu de monter au Lung La pour faire la trace vers le Gyarbu Himal pour les autres le lendemain et pour nous, envisager le sommet de l’Himlung depuis un camp 4.
Il a fait très beau ce 9 Mai, sans développement de cumulus l’après-midi, mais avec un vent soutenu en altitude entre 50 et 60 Km/h. Toute l’équipe des summiters est partie vers 3h30 du matin depuis le camp 3. Luc et Sonam sont arrivés au sommet vers 9h20 et étaient de retour au Camp 3 à 12h30, Nicolas et Dipeen, à 9h30 et 12h, Jean-Paul et Karma à 10h30 et 15h, Fiona et Dhan à 11h et 14h. En restant tous entre 10 et 20 mn au sommet.
François et Frédéric ont gravi le Anna Peak. Avec Bernard, Dorje et Anil, nous avons malheureusement fait demi-tour vers 6 600 m.
Pour se rendre compte de la réalité de la situation, il faut savoir qu’une autre équipe était avec nous au camp 3 : deux alpinistes néerlandais avec deux guides népalais. Ils sont partis 2 heures avant notre équipe et étaient de retour vers 19h. Exténués et atteints de gelures, ils seront évacués en hélicoptère directement depuis le camp 3, le lendemain matin.
De notre côté, le lendemain, Nicolas et Luc iront au Karma Himal. Olivier avec Nicolas et Cécile avec moi feront une tentative vers le Anna Himal. Puis, toute l’équipe descendra au camp 1. Avec Fiona, nous resterons au camp 2 car elle aurait voulu décoller en parapente le lendemain matin, mais le froid et un vent trop fort nous obligent à descendre à pied. Et tout le monde se retrouve au camp de base le 11 mai.
Mais le voyage n’est pas terminé… Après une matinée pour ranger les affaires, certains repartent vers Phu. De nouveau, l’objectif est de s’adapter le mieux possible aux envies de chacun avec un programme de retour « à la carte ». Les mules n’arrivent que dans deux jours et il serait dommage de simplement les attendre au camp de base. Mais pour cela, il faut repenser toute l’organisation et accepter de se séparer en plusieurs petits groupes.
Jean-Paul et Luc ont envie de se poser deux jours à Phu pour profiter du village et faire une dernière rando vers un sommet. Fiona, Nico et Bernard veulent traverser les cols vers Naar et rejoindre Ngawal par le Kang La. Ils partiront avec Dhan, Karma et Sonam car il y a une nuit en tente et trois en lodge.
Avec le reste du groupe, Dorje et moi, nous descendrons à Phu le lendemain pour rentrer ensuite avec toute l’équipe de cuisine et les mules. Puis, nous nous retrouverons tous à Koto à notre lodge habituel pour terminer le voyage ensemble. Le retour en jeep puis en bus sera particulièrement efficace et direct ! Départ 6h30 de Koto et arrivée à 21h30 à Boudhanath à l’hôtel… Il nous reste deux jours pour profiter de la vallée de Kathmandu ! Rendez-vous pour la dernière chronique de l’Himlung, intitulée « Himlung 2019, clap de fin… »
Paulo, le 20 mai 2019
Chronique #8 : Sommet et retour de l'expédition à Phu
Dans cette nouvelle chronique "vocale" envoyée par Paulo via son téléphone satellite, il nous indique que le groupe est désormais de retour à Phu, tous en bonne santé avec une journée d’avance sur le planning. Depuis notre dernière chronique, la fenêtre météo avait diminué avec l’arrivée d’un orage prévue par le routeur météo. La fenêtre d’ascension finale s'est donc réduite depuis le Camp 3 avec un vent toujours aussi fort au sommet. Quelques uns semblent avoir réussi le sommet, nous ne savons ni combien ni qui. Et le groupe se trouvait finalement en sécurité au camp de base quand le violent orage a éclaté, orage assez rare à cette période de l’année. Ce sont de bonnes nouvelles et nous devrions avoir plus d’informations et des images dans les jours qui viennent, avec le retour du réseau.
Paulo, le 14 mai 2019
Cronique #7 : Arrivés au Camp 3 à 6 300 mètres
Dans cette nouvelle chronique "vocale" envoyée par Paulo via son téléphone satellite, il nous raconte l'ascension du groupe au Camp 3 de l'Himlung Himal qu'ils ont atteint hier. Le sommet, à un peu plus de 7 100 mètres, est en vue et l'assaut final devrait être donné dans les heures et les jours qui viennent. Il fait grand beau avec du vent à 80 km/h au sommet. Rendez-vous dans quatre ou cinq jours au camp de base.
Paulo, le 8 mai 2019
Chronique #6 : Dernière étape vers le camp 3
Départ du French Camp
Nous quittons définitivement le camp de base du French Camp (4 980 m) pour nous installer au camp 1 vers 5 300 mètres. Nous partons vers le sommet. Nous retrouverons l’équipe népalaise dans huit jours à notre retour du sommet. Ces deux derniers jours nous ont permis de transporter le matériel à ce premier camp d’altitude, tout en continuant notre acclimatation. Quelques légers maux de tête ont fait leur apparition puis se sont estompés. Le temps s’améliore doucement et même si le vent persiste en altitude, pour l’instant nous sommes concentrés à rejoindre le camp 3 vers 6 500 mètres d’altitude le plus sereinement possible. Le cadre est bien sûr superbe et en plus, nous sommes seuls. Pour nous, l’objectif est de nous économiser au maximum, de ne pas faire d’efforts superflus et de profiter au maximum du lieu. C’est l’exigence de la haute altitude.
L’épée de Damoclès de la haute altitude
Il faut savoir qu’il est déraisonnable de faire des efforts répétés en environnement hypoxique. C’est pourtant ce que nous avons choisi de faire de plus en plus haut avec de plus en plus d’efforts en espérant en éprouver beaucoup de plaisir et d’émotion... Pour les voyageurs de l’altitude que nous sommes, il faut nous envisager avec cette épée de Damoclès toute tendue au-dessus de nos têtes. Cette épée est bien réelle car c’est tout simplement le risque d’un œdème cérébral ou pulmonaire qui peut survenir et qui est mortel. Elle est suspendue à une multitude de fils. Elle ne risque pas de nous tomber dessus à moins d’en couper tous les fils : un sac trop lourd, un rythme de marche qui nous essouffle, une étape trop longue, des carences d’hydratation et d’alimentation, des ennuis de santé, de l’énervement, et bien d’autres microéléments encore de notre vie en altitude, qui peuvent couper ces fils. L’idée est donc d’en couper le moins possible et surtout pas les derniers. Nous faisons très attention à nos temps de repos. Et nous pouvons même ajouter de nouveaux fils voire les consolider. C’est cela l’acclimatation. Cette histoire qui fait désormais partie de notre culture commune au groupe, peut même permettre de prévenir ou d’aider un de nos compagnons de voyage qui s’agiterait trop ! Nos amis Népalais ont une autre histoire qu’ils racontent pour illustrer la même chose. Je vais la raconter ce soir à mes compagnons de voyage. Rendez-vous au camp 3 dans quelques jours. Il se sera passé beaucoup de choses et le sommet sera juste au-dessus de nous. À bientôt et prenez soin de vous !
Paulo, le 4 mai 2019
Transcription d’un message Iridium de Paulo Grobel (depuis le French Camp à 4 980 m)
Chronique #5 : Marche d'approche, villages de Nar et Phu
Dans cette nouvelle chronique "vocale" envoyée par Paulo via son téléphone satellite, il nous parle de la marche d’approche et de l’acclimatation aux villages de Nar et Phu, une acclimatation « culturelle » dans ces villages tibétains à plus de 4 000 m d’altitude. Le reste de l'expédition sera à une altitude supérieure. Prochaine étape pour Paulo et son équipe : atteindre le camp de base et le French Camp, le point de départ de l’expédition vers le sommet de l'Himlung Himal.
Paulo, le 30 avril 2019
Chronique #4 : Première étape vers Boudhanath
Entrer dans l'expédition
Nous venons de terminer la première étape de l’expé à Boudhanath. C’est un véritable sas entre notre vie occidental et le nouveau rythme que nous devons installer pour bien vivre la haute altitude. Et le premier message pour cet acclimatation est de porter attention à notre état de voyageur : notre santé, notre bien-être et les menus détails de la vie quotidienne. Ne surtout pas vouloir courir partout, tout faire, tout voir… Mais au contraire se poser dans un coin de la place, se transformer en pierre et observer la vie qui passe.
La réalité de Kathmandu est actuellement bousculée par de grands chantiers (alignement des avenues, adduction d’eau) qui ajoutent au capharnaüm ambiant, aux embouteillages, à la poussière ou à la boue. Ce qui rend la vie encore plus difficile, alors autant rester tranquillement au repos dans l’univers préservé du Grand Stupa.
En route vers le le début du tour des Annapurna
Nous voici en route vers le début du tour des Annapurna que nous allons emprunter jusqu’à Koto, où la vallée de Phu rejoint la Marsyangdi, la rivière principale. Avec quelques nouvelles de ce début de parcours pour nos amis trekkeurs.
Le grand chantier hydo-électrique chinois de Nagdi est maintenant terminé mais deux autres chantiers sont programmés sur la portion Danaqiu/Koto. En conséquence, la route c’est beaucoup améliorée, avec de grandes sections bétonnées. Ce qui est une très bonne nouvelle pour nous. Le temps de trajet en jeep depuis Besisahar s’en trouve diminué (3 h pour Syange et 3 h pour Koto) et il est même devenu beaucoup plus agréable.
Pour les randonneurs, le départ à pied débute à Chamje. Après Tal, un nouveau sentier en rive gauche pour Dharapani à été ouvert. Puis, il est recommandé de faire le détour par Nache et même d’y dormir avant de continuer par un pont suspendu exceptionnel et un monastère très discret.
Actuellement, le sentier que nous allons utiliser demain, pour Meta, Naar et Phu est de plus en plus fréquenté en mode Teashop trek par les trekkeurs, pour éviter le fond de vallée et la route.
Ce « Restrictif area » de Naar/Phu sera-t-il bientôt ouvert à tous, sans formalités ni permis spécial ?
Trek ou marche d’approche ?
Une marche d’approche vers un sommet n’est pas un trek, même si c’est exactement le même itinéraire, avec les même étapes ! La différence réside dans le fait que la marche d’approche est d’abord le préliminaire à l’objectif principal : l’ascension d’un sommet… Et non pas un objectif en soi.
Et cela change tout.
Il y a un « après » à cette marche et celle-ci est une véritable préparation à l’ascension et non pas une formalité ou pire une contrainte. C’est une période beaucoup plus importante qu’il n’y parait et, c’est souvent durant cette période que se joue la réussite ou l’échec d’une l’expédition. C’est le lieu de la mutation de l’alpiniste dans des Alpes en un Homo Himalayus en quête d’un sommet.
Pour nous, ce voyage à pied commence demain et nous sommes tous en bonne santé et en pleine forme. Nous avons retrouvé l’ensemble de l’équipe népalaise et tout le matériel a été préparé minutieusement pour être chargé sur les mules. Il nous faut maintenant prendre en compte plusieurs facteurs qui complexifient notre aventure partagée :
- L’environnement hypoxique;
- La durée;
- La rusticité de notre mode de vie au quotidien;
- La promiscuité;
- La complexité des conditions météo ou de la montagne;
- L’environnement qui deviendra de plus en plus alpin.
Et le deuxième message pour faciliter cette acclimatation est donc de porter attention à notre état de randonneur : un sac minima avec simplement le nécessaire pour une journée, mais un équipement adéquat et surtout un rythme adapté à chacun. Personne n’a quelque chose à prouver à autrui.
La journée sera longue et le départ matinal. C’est d’ailleurs la plus longue journée de la marche d’approche.
Et demain nous serons tous à Meta, loin de la route et du tour des Annapurna. Définitivement sans connexion, à part notre téléphone satélitaire.
Paulo Grobel, le 25 avril 2019 (depuis Koto)
Chronique #3 : Stress du bagage d'expédition non réceptionné
Une aventure qui se termine bien… Dernier jour à Kathmandu. J’essaye de ne pas trop m’inquiéter… Les bagages du dernier vol de la Turkish commence à arriver. C’est fou le nombre de valises ou de sacs que peut contenir un avion, quand vous en attendez un seul, en particulier.
Hier, Bernard n’a pas récupéré son bagage de soute. C’est une situation plutôt rare mais qui provoque beaucoup de stress et complique sacrément la suite du voyage, et encore plus une expédition. Il a fallu d’abord comprendre la situation et trouver une trace du bagage manquant. Puis passer la soirée et la nuit le mieux possible en espérant que tout ira bien. Et enfin, le lendemain attendre de longues minutes devant le carrousel des bagages. Bingo… le voici. Quel soulagement !!! Notre expé à l’Himlung peut se poursuivre tranquillement. Nous partirons bien demain, à l’aurore…
Et voici quelques petites règles concernant voqui permettront de faciliter l’histoire si malheureusement elle vous arrive. Et il est certain que si vous lisez ce blog, c'est que vous êtes passionné(e) d'expédition et donc obligatoirement, cela vous est arrivé ou vous arrivera un jour !
1… Avant le départ Faites une liste très précise de vos affaires que vous embarquez en soute. Ne laisser ni médicaments importants, ni argent liquide dans le sac en soute.
2… A l’enregistrement Vérifier que le personnel au départ enregistre bien votre bagage pour la destination finale. Et surtout vous donne bien votre tag, à votre nom, pour votre bagage ! Ne l’égarer pas durant le voyage !
3… A l’arrivée Ayez à portée main un moyen de communication avec les personne qui vous attendent à l’extérieur de l’aéroport. Mais, pas de souci… ça va bien se passer. Et surtout bon voyage pour votre prochaine expédition !
Paulo Grobel le 23 avril 2019 (au caroussel de l'aéroport de Kathmandu)

Chronique #2 : La liste officielle des sommets autorisés
Accueil de grande classe au ministère
« Je souhaite faciliter dans mon service les formalités administratives pour les expéditions, pour rendre les choses plus fluides pour les étrangers. C’est vraiment ma priorité… ». Il y a de quoi être surpris quand ces propos sont prononcés par une jeune femme dans un ministère du Népal. Quelle révolution ! Surtout quand Bishal, en charge du process administratif de nos permis d’expédition témoigne cette année de la même réalité. Tout est plus simple… Je ne peux qu’être admiratif devant le courage et l’énergie dépensée par Mlle Acharya. Quel plaisir de prendre un café avec cette chef de service de haute caste qui prend le temps d’écouter un simple « quieré », un étranger. Je souhaitais pourtant aborder des sujets peu agréables.
Liste officielle des sommets autorisés au Népal
Premier sujet : la correction de la liste officielle des sommets autorisés. Ce document est la clef la plus importante pour l’organisation d’une expédition au Népal. Et, il comporte malheureusement encore beaucoup d’erreurs, en particulier pour les itinéraires d’accès aux montagnes, la « Caravan Route ». Par exemple, pour l’Himlung, cette « Caravan route » est indiquée uniquement par le versant de Phu, (celui que nous allons utiliser), alors qu’il existe bien sûr un autre versant à cette montagne, à l’Est depuis la vallée de Tilje (celle de la fin du tour du Manaslu). Concrètement, si vous souhaitez ouvrir un nouvel itinéraire sur ce versant…. Impossible, car même si le sommet est autorisé, il vous faut suivre la « Caravan Route » par Phu, et donc ce versant vous est inaccessible. Ce qui est difficilement compréhensible pour des alpinistes occidentaux. C’est pourtant la mésaventure qui est arrivée à 3 jeunes talentueux alpinistes autrichiens qui ont été contraint de ce rabattre sur une ouverture versant Phu, avec au final une très belle traversée sur l’Himjung voisin. Plus largement, la mise à jour de ce document est également très important dans la perspective d’une informatisation des formalités des permis d’ascension, comme c’est le cas pour les visas d’entrée au Népal ou les permis de trek. La réponse de Mlle Acharya est relativement simple. La décision de corriger cette liste appartient au plus haut niveau de l’état népalais, « le Cabinet ». l’équivalent de notre conseil des ministres. Ce qui rend les choses plus complexe et demande forcément beaucoup de temps. La perspective de l’événement national « 2020, année du tourisme au Népal » aura-t-elle un effet bénéfique ?
Comment ajouter de nouveaux sommets népalais à cette liste officielle ?
J’avais également une deuxième requête. Connaitre la procédure pour proposer de nouveaux sommets à ajouter à cette liste. Il s’agit de sommets intéressants d’un point de vue alpinistique ou pour le développement économique d’une région comme le massif de Limi ou le Dolpo, mais à Phu également. Sa réponse est cohérente et beaucoup plus optimiste ! Le Népal étant devenu un état fédéral, c’est donc le niveau local (communauté de communes ou district) qui doit interpeller le niveau ministériel en adressant une demande directement aux services du ministère du tourisme. Bien sûr, cela demande forcément de l’énergie, de la persévérance et du temps… Et un peu de soutien en interne pour faire avancer le dossier.
Ma troisième proposition, beaucoup plus ambitieuse sera pour plus tard, « Tea time is finished… » Avec Bishal, nous allons nous consacrer à l’ouverture de quelques sommets, comme le Nemju dans la vallée de Phu, le Gyaekochen au Dolpo, le Futi Himal au Mustang ou le Nyalu Leck dans la vallée de Limi. Du job en perspective, mais pour l’instant place à l’Himlung. Je file à l’aéroport avec Dipeen récupérer mes voyageurs de l’altitude…, qui auront au final bien du retard.
Paulo Grobel, le 22 avril 2019 (à l'hôtel Mandala Bhoudhanath)
Chronique #1 : Les différentes étapes d’une expédition
Préparation minutieuse
Une expédition se pense, se construit, se partage et se prépare très longtemps à l’avance. Parfois plus de deux ans… Certaines de ces étapes sont particulièrement importantes. Environ deux mois avant le départ, la rencontre des alpinistes lors d’un week-end dans les Alpes est capitale. C’est ce qu’a décrit Cécile dans un article pour Montagnes Magazine, avec lesquels nous sommes partenaires sur cette expédition.
La réalité du terrain
Puis, me voici à Kathmandu pour la deuxième étape, la validation de l’organisation. J’arrive toujours 3 ou 4 jours avant le groupe pour valider la préparation concrète de l’expé et participer au briefing officiel au Ministère du Tourisme. Sur la terrasse de Padma, en face de la coupole blanche du Stupa de Boudhanath, avec mes compagnons népalais il s’agit de vérifier que l’organisation matérielle est conforme à ce que nous avions imaginé ensemble à l’automne passée et à ce que j’ai présenté aux participants durant l’hiver. Il y a Bishal Rai, chef de l’agence Himalayan Travellers, mais aussi sirdar de l’expédition et guide de trek, et Dipeen Bothe, « Nepali Mountain Guide » en charge de toute la partie ascension. Pour l’Himlung, cette réunion de travail est relativement simple car c’est une ascension classique que nous connaissons bien. Sauf que beaucoup de choses peuvent changer et, bien penser les aléas possibles (probables) permet d’être plus serein. Cette expédition 2019 à l’Himlung n’échappe pas à cette règle.
Bonne nouvelle logistique
La nouvelle est tombée il y a 15 jours. Impossible de rejoindre le camp de base avec des mules comme cela avait été prévu et budgété. Il a beaucoup neigé cet hiver au Népal et les sentiers d’accès à Phu ont été endommagés et ne sont pas praticables avec des animaux de bât. Il faut tout transporter à dos d’homme ! Bishal a donc tout organisé avec une contrainte supplémentaire : des charges calibrées absolument à 25 kg pour que les porteurs puissent rajouter leurs affaires pour une charge totale de moins de 30 kg (en sachant qu’il y a des hébergement et de la nourriture partout en chemin). Ce qui, à minima, double le budget transport de matériel. Et forcément la question de savoir qui va supporter ce coût se pose immédiatement. Mais pour l’instant place à l’action. Aujourd’hui, à trois jours du départ la situation a aussi radicalement changé ! Purna et Durga, les muletiers de Tal avec qui nous travaillons depuis plus de 10 ans dans la vallée de Phu (mais aussi pour le Manaslu) rentrent d’un repérage jusqu’à Meta. Bonne nouvelle, c’est jouable avec des mules si toute l’équipe népalaise donne un coup de main à deux ou trois endroits encore trop compliqués et si nous acceptons l’éventualité de délais. Tout redevient beaucoup plus simple.
Progression continue : une compétence relativement rare
Il reste à lister le matériel, calculer le nombre de cartouches de gaz et se mettre d’accord sur le fonctionnement et les déplacements de l’équipe des alpinistes népalais. Car en progression continue, c’est une compétence spécifique que peu d’agences maitrisent et c’est aussi un enjeu de formation continue pour nous. C’est surtout le travail de Dipeen, pour gérer son équipe et prévoir la nourriture d’altitude, avec une contrainte importante, qu’il y ait toujours une cordée de Nepali Leader avec nous à chaque camp avec des moyens de communication adéquats. Nous avons aussi décidé d’intégrer Kumari dans l’équipe des « Népali Leader » junior (et pas simplement en +). Il y aura donc 7 personnes dans l’équipe des alpinistes népalais, d’ethnies très différentes :
- 1 « Nepali Mountain Guide », Dipeen Bothe
- 3 « Népal Leader » sénior, Dhan Magar, Kharma Sherpa, Darche Bothe
- 3 « Népal Leader » junior , Sonam Sherpa, Anil Rai, Kumari Kulung
Au total, le guide népalais est dégagé de la tache de portage et nous avons réussi à intégrer une femme dans notre équipe népalaise, en respectant aussi le ratio d’un népalais pour 2 occidentaux (le guide français UIAGM est compté dans l’équipe des voyageurs). Les salaires de l’équipe népalaise constituent d’ailleurs la ligne budgétaire la plus importante d’une expédition (ce sera le sujet d’une prochaine chronique), mais cette équipe d’encadrement renforcée est aussi un critère de qualité bien réel.
En fin de réunion, pour Dipeen, j’ai sorti une paire de Millet SHIVA de mon bagage, un nouveau modèle de chaussure destiné aux ascensions intermédiaires (les 7000). Ce sera un bon test in situ, puisque je vais utiliser le même modèle en altitude. Il est temps maintenant pour moi de rejoindre Bishal à Bhrikuti Mandap, les bureaux du Ministère du Tourisme et de la Mountainering Section. Ce sera le sujet de la prochaine chronique… Les coulisses du Ministère. Paulo, le 20 avril 2019.
Paulo, le 20 avril 2019