12 juin 2025Himalaya, Seven Summits
Sommet de l'Everest

La saison d’ascension de l’Everest au printemps 2025 a été marquée par une affluence record, avec 468 permis délivrés côté népalais pour une cinquantaine côté tibétain et plus de 700 sommets atteints, et ce malgré des vents forts et une météo quelque peu instable. Kami Rita Sherpa et Kenton Cool ont continué de marquer l’histoire. Le Népal a annoncé une hausse des frais de permis pour 2026, pour renforcer la sécurité et la préservation. La volonté d’une plus grande sélection des grimpeurs s’exprime de plus en plus fort, appelant à une régulation plus stricte côté népalais. Parallèlement, une tentative de montée ultra-rapide au xénon a été réalisée avec succès par des militaires britanniques. Les statistiques plus précises seront disponibles à l’automne et permettront d’apprécier plus finement ce bilan.

Objectif Everest à 8849 mètres : construire sa progression d’alpiniste pour bien se préparer

 

Fréquentation en hausse à l’Everest versant népalais

La saison du printemps sur l’Everest, traditionnellement centrée entre avril et fin mai, a bien suivi son rythme habituel en 2025. Dès la première quinzaine d’avril, les expéditions ont commencé à s’installer au camp de base. Rapidement, la fréquentation a atteint un seuil historique : plus d’un millier d’ascensionnistes, clients et Sherpas, étaient présents dès le début de la saison sur la face sud du Népal, signalant une année particulièrement dense en tentatives d’ascension.

Au total, 541 permis d'ascension ont été accordés, dont 468 par le gouvernement népalais (contre 421 l’année dernière) et 73 côté tibétain (contre 150 l'année dernière). Dans le détail, 48 Occidentaux décidaient de s'engager sur le versant nord pour 25 Chinois, après les soucis de visas et d’entrée en Chine, l’année dernière. Presqu’un rapport de 1 à 6 de fréquentation entre les deux versants, ce qui est assez saisissant ! À cela, s’ajoute le même nombre de Sherpas et guides d’altitude dans un rapport estimé à près de 1 pour 1 pour le Népal et 1 alpiniste pour 2 guides pour le Tibet.

 

Un taux de succès de près de 70 % dans une météo correcte

Si les premières semaines d’avril ont été relativement stables, les périodes de vent violent et de neige instable se sont multipliées à partir de la fin du mois, compliquant les stratégies d’ascension. Ceci dit, le climat a globalement favorisé de nombreuses ascensions même si les alpinistes ont dû composer des fenêtres météo relativement étroites, nécessitant une planification tactique rigoureuse.

Les vents forts furent fréquents en altitude, avec un jet-stream occasionnellement présent, créant des rafales dépassant les 130 km/h autour de la ligne de crête et des températures atteignant, avec l’effet vent, −50 °C, exigeant une grande prudence.

Au total, selon le blog d’Alan Arnette, l’Everest côté népalais a vu près de 300 summiters cette saison, accompagnés de 320 guides népalais. Sur 468 permis, cela donne un taux de succès de l’ordre de 64 %, un peu supérieur à celui de l’année dernière (61 %). Côté tibétain, notre partenaire nous donne un taux d’encadrement de 1 pour 2, et le taux de succès a atteint 90 %. Ces chiffres sont à comparer à 59 % l'année dernière et 70 %, respectivement. Donc au total, un taux de succès sur les deux versants de l'ordre de 69 %, un taux exceptionnellement bon.

 

Aspects de sécurité et incidents

Cinq décès ont été recensés durant la saison d’ascension 2025, tous sur la face sud de l’Everest. Un premier Sherpa est décédé en début de la saison, au camp de base, à la suite d’un mal aigu des montagnes. Deux autres ont été évacués en urgence depuis le camp de base et n’ont pas survécu après leur transfert en hôpital. Un alpiniste expérimenté a perdu la vie au col Sud, probablement victime d’un œdème cérébral d’altitude, alors qu’il se préparait pour le sommet.

Un autre est décédé peu après avoir atteint le sommet, dans la zone du Hillary Step, probablement à cause d’un épuisement extrême aggravé par l’altitude et les conditions de redescente. Enfin, un cinquième décès est survenu au camp 1, à la suite d’un malaise cardiaque.

Malgré l'affluence record cette saison, le nombre de morts reste inférieur à celui de l’année dernière (huit décès), signe d’une meilleure gestion globale des risques. Toutefois, ces incidents rappellent les dangers permanents liés à l’altitude extrême, même en l’absence d’accidents majeurs ou de conditions météorologiques extrêmes.

 

Augmentation du prix du permis et sélectivité

L’un des grands sujets de la saison a été l’annonce par les autorités népalaises d’une hausse des droits de permis, passant de 11 000 à 15 000 dollars à partir de l’automne 2025. Cette mesure viserait à financer les efforts de conservation, à mieux encadrer les flux, et à renforcer la sécurité sur la montagne.

Parallèlement, de nombreuses voix, notamment parmi les Sherpas, plaident pour une sélection plus stricte des candidats, afin de prévenir les comportements à risque et de garantir une meilleure fluidité sur les voies. La nécessité de prouver un niveau d’expérience minimale en haute altitude, ou de justifier d’ascensions préalables sur des sommets de 6000 ou 7000 mètres, est de plus en plus discutée au sein des instances himalayennes.

À noter que c’est déjà le cas côté tibétain, avec la nécessité d’avoir gravi un 7000 pour s’attaquer à l’Everest par le versant nord ; à noter que l'Aconcagua et l'Ama Dablam sont considérés comme valables également. Côté tibétain, le quota de non-Chinois est limité à 150 personnes.

 

Première mondiale au xénon

Quatre anciens militaires britanniques ont atteint le sommet de l’Everest en moins d’une semaine, depuis leur départ de Londres, grâce à un protocole combinant tentes hypoxiques, oxygène, et surtout, une cure de xénon inhalé avant l’expédition. Ils ont passé toutes leurs nuits au cours des 12 semaines précédentes en tentes hypoxiques, soit entre 700 et 1000 heures.

Le xénon est un gaz rare, utilisé depuis un siècle en anesthésie, qui active la production d’érythropoïétines (EPO) — une hormone stimulant la fabrication de globules rouges — et serait protecteur contre certains effets néfastes de la haute altitude, notamment sur le cerveau et les poumons.

Mais à ce stade, rien ne semble être prouvé de manière scientifique sur l’efficacité du xénon en altitude et ses risques potentiels : les rares études, incluant des tests sur animaux et sportifs, n’ont pas démontré d’améliorations claires de performance ou de prévention des maladies d’altitude avec ce gaz.

 

Quelques records individuels marquants

Kami Rita Sherpa, figure emblématique du monde de l’altitude, a atteint le sommet de l’Everest pour la 31e fois. Véritable légende vivante, il détient désormais, de très loin, le record du plus grand nombre d’ascensions réussies du toit du monde.

Kenton Cool, alpiniste britannique reconnu, a continué de graver son nom dans l’histoire comme le non-Sherpa ayant réalisé le plus de sommets sur l’Everest, avec une 19e ascension réussie.

 

À noter, enfin, l’exploit de Mitchell Hutchcraft, ancien militaire britannique qui, après avoir parcouru plus de 11 000 kilomètres à la nage, à vélo et à pied à travers plusieurs continents, a atteint le plus haut sommet du monde, terminant un ultra-triathlon très très longue distance.