Alors que le Népal vient de lever sa quarantaine pour les personnes vaccinées, nous revenons sur notre ascension à l'Everest réalisée au printemps dernier : une équipe franco-suisse composée de cinq personnes tentait de gravir le toit du monde à 8 848 mètres par son versant sud népalais au cours d'une expédition dirigée par Bernard Muller. L'un des participants, François Trouillet, nous a partagé son ascension grâce et des textes et des images envoyés quotidiennement par téléphone satellite. Une aventure d'une « difficulté extrême », de plus réalisée dans des conditions très particulières dues à la situation sanitaire mondiale.
La Seconde Guerre mondiale a provisoirement repoussé la conquête du neuvième plus haut sommet de la planète, le Nanga Parbat. Du haut de ses 8 126 mètres, il continue de résister aux efforts des himalayistes. Après les tragédies de 1934 et 1937, il faut attendre 1953 pour que l’Allemagne, qui panse ses plaies, envisage de repartir à l’assaut. L’histoire du Nanga Parbat va alors tourner autour d’une personnalité d’exception, mais controversée : le docteur Karl Maria Herrligkoffer. Véritable impresario du Nanga Parbat, tête pensante de toutes les expéditions germaniques sur la montagne. Trois lui apportent la consécration dont celle, mythique, de Hermann Buhl en 1953 sur le versant nord historique (Rakhiot).
Nanga Parbat, « la montagne tueuse ». Entre la première tentative de Mummery en 1895 et la première ascension de Hermann Buhl en 1953, 30 personnes ont laissé la vie sur ses pentes. Triste record. Le brillant grimpeur Mummery d’abord, puis deux expéditions austro-allemandes en 1934 et 1937 payent un lourd tribut. Avec ses trois immenses versants complexes, exposés aux avalanches, le Nanga Parbat pose un réel problème d’itinéraire. Au contraire de la plupart des 8 000, il n’existe pas de parcours évident vers le sommet. Jusqu’à la première ascension en 1953, le versant nord et le glacier de Rakhiot ont concentré tous les efforts. Nous vous faisons revivre ces moments tragiques du grand himalayisme.
Depuis que les premiers alpinistes ont jeté les yeux sur la cime altière du K2, la montagne fascine. Par sa forme d’abord, pyramide presque parfaite, deux Cervins empilés l’un sur l’autre. Par ses difficultés ensuite : la verticalité y règne en maître absolu. Seuls les meilleurs peuvent prétendre à son ascension. 1902 a vu la première tentative, par Aleister Crowley et le Dr Jules-Jacot Guillarmod. 119 ans plus tard, le 19 janvier 2021, le Népalais Nims Dai réussit la première hivernale. Et “Sans Ox” s’il-vous-plait ! Neuf autres Népalais réussissent à ses côtés. 119 ans de luttes, de tragédies, d’exploits en tous genres. Nous vous faisons revivre un florilège de quelques morceaux de bravoure.
Fin 1956, dix des quatorze plus de 8 000 ont vu leur cime foulée par les himalayistes. Trois ont succombé au brio des alpinistes autrichiens. En 1953, le plus célèbre d’entre eux, Hermann Buhl, a gravi le Nanga Parbat dans une odyssée sur laquelle nous reviendrons. En 1957, quatre sommets restent à gravir, dont deux au Pakistan : le Gasherbrum I, ou Hidden Peak (8 068 m) et le Broad Peak (8 047 m). Précurseurs des expéditions en style alpin à venir, quatre alpinistes autrichiens, dont Hermann Buhl, réussissent un exploit alors passé presque inaperçu. Sans camp de base, sans Sherpas d’altitude, sans oxygène, ils s’offrent un beau morceau de bravoure. Mais le succès garde sa part d’ombre, avec la disparition subite de Hermann Buhl dans une tentative malheureuse au Chogolisa (7 665 m). Retour sur cette expédition méconnue.